Notre hôte nous reçoit dans son bureau. Ancien avocat reconverti dans le tourisme, il ne parait pas ses 80 ans. Bronzé et élégant, on dirait feu le patriarche du clan Agnelli. "Vous excuserez mon français, nous dit-il, je ne l'ai jamais appris mais nous le parlions dans ma famille...". Vieille noblesse Palermitaine d'origine anglaise. Il enchaîne d'ailleurs dans cette langue et nous entraîne dans la visite de son vaste appartement. Après une enfilade de pièces tendues de velours et de doubles portes ministérielles, voici le grand salon. Ce n'est pas celui du "Guépard" mais vingt couples peuvent y danser. Le lustre qu'on abaisse et relève est composé d'une multitude de petites bougies qu'on allume avant le bal. Dans un coin, une autre porte et derrière, l'oratoire, intermédiaire entre une petite chapelle de maison et le coin des ancêtres dans d'autres religions moins catholiques. Il se souvient qu'il a du batailler ferme à l'occasion du mariage de sa fille pour faire célébrer la cérémonie chez lui. Le clergé local ne venait plus depuis longtemps à domicile. Mais, l'ancien juriste nous confie qu'après s'être plongé dans plusieurs ouvrages très spécialisés, il s'est aperçu qu'un des ordres ne relevait pas de l'évêque de Palerme mais directement du Vatican. Facile alors de s'adresser à Dieu plutôt qu'à ses saints et d'obtenir la venue d'un religieux pour célébrer ce mariage... dans l'oratoire du grand salon. C'était, nous confie t'il fièrement, en français "un escamotage...qui a marché". Il nous reconduit à l'ascenseur. Il se retient sans doute de faire le baise main à Rose et il prend congé. Nous nous retrouvons dans l'ascenseur, un peu abasourdis, au XXI ème siècle et entre manants.

Stan

La visite du Palais

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